Rapport

Rapport d'investissement responsable 2021

Mise en ligne le 28 Avril 2022

Depuis 2018, la Banque de France met en œuvre une démarche d’investissement responsable (IR) sur ses investissements propres. Elle applique ainsi une stratégie d’investissement responsable à la gestion de deux portefeuilles d’actifs, dont elle a la pleine et entière responsabilité : les portefeuilles adossés à ses fonds propres et aux engagements de retraites.

La stratégie d’investissement responsable de la Banque de France s’est construite et développée à partir de l’objectif essentiel de lutte contre le changement climatique. La COP26 de novembre 2021 a été l’occasion pour la Banque de France de réaffirmer ses engagements climatiques en matière de politique monétaire et de stabilité financière, et de les compléter d’un objectif de neutralité carbone dans la gestion interne de l’Institution.

En matière d’investissement responsable, la Banque de France a pour la première fois cette année aligné le portefeuille adossé à ses engagements de retraite sur une trajectoire 2 °C, avec un an d’avance sur le calendrier qu’elle s’était fixé.

Afin de poursuivre son engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique, cette trajectoire sera progressivement abaissée à 1,5 °C pour les portefeuilles adossés à ses fonds propres et à ses engagements de retraite.

Par ailleurs, à compter de fin 2022, la Banque de France publiera un premier rapport climatique couvrant l’ensemble de ses activités, en ligne avec les recommandations de la Task force on climate-related financial disclosures (TCFD). Plus largement, les engagements pris par les banques centrales témoignent d’une prise de conscience croissante des enjeux climatiques : si elles ne peuvent être le moteur principal, les banques centrales sont aujourd’hui pleinement mobilisées.

Ainsi, la Banque centrale européenne (BCE) a intégré les enjeux climatiques à l’évaluation stratégique de sa politique monétaire, à l’issue de laquelle le Conseil des gouverneurs a approuvé en juillet 2021 un plan d’action ambitieux : modélisation des effets du changement climatique sur les prix et la croissance, transparence climatique accrue des contreparties pour le collatéral et les programmes d’achat de titres, ou encore soumission du bilan de l’Eurosystème à des tests de résistance climatique.

Les banques centrales de l’Eurosystème s’étaient par ailleurs déjà engagées en février 2021 à appliquer une démarche d’investissement responsable liée au changement climatique aux portefeuilles autres que ceux détenus à des fins de politique monétaire libellés en euro au plus tard en 2023, et de publier les résultats de cette démarche. Cet engagement a été élargi à l’été 2021 aux programmes d’achat d’obligations émises par les entreprises (corporate sector purchase program – CSPP).

Ce mouvement ne se limite pas aux banques centrales de l’Eurosystème. En témoigne le dynamisme du Réseau des banques centrales et des superviseurs pour le verdissement du système financier (Central Banks and Supervisors Network for Greening the Financial System – NGFS), qui continue de croître et compte désormais plus de cent membres. La Banque de France, qui a été à l’initiative du Réseau en 2017 et qui en assure le secrétariat permanent, y joue un rôle de premier plan.

De fait, nous sommes convaincus que contribuer à évaluer, réduire et gérer l’impact des risques climatiques sur l’économie réelle et le système financier fait partie intégrante du mandat des banques centrales, tant au titre de la stratégie monétaire que de la stabilité financière. L’intégration de la lutte contre le changement climatique dans la mise en oeuvre de nos missions et de notre gestion restera au coeur de nos priorités dans les années à venir, et nous continuerons à agir avec constance et détermination. Toutefois, la stratégie d’investisseur responsable de la Banque de France doit s’enrichir et intégrer d’autres thématiques essentielles pour embrasser une démarche aussi complète et cohérente que possible.

Dans un premier rapport international sur la biodiversité et le changement climatique publié en juin 2021, les scientifiques de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services – IPBES) et du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) soulignent ainsi l’importance des interconnexions entre le climat et la biodiversité.

Alors que le réchauffement climatique contribue largement à la dégradation des écosystèmes et au déclin de la biodiversité, des synergies positives sont nombreuses si l’on veille à relever ces défis de manière complémentaire. À l’inverse, aborder ces problématiques en silo pourrait conduire à favoriser des solutions d’adaptation au changement climatique ayant un impact néfaste sur la biodiversité, ou à négliger la contribution essentielle qu’ont les espèces naturelles dans le stockage du carbone.

L’agenda international 2022 traduit une prise de conscience croissante de cette interconnexion, avec la tenue au cours du premier semestre du One Ocean Summit (sommet international sur l’océan), d’un nouveau sommet de la Terre ainsi que la suite de la COP15 biodiversité. À son échelle, la Banque de France entend contribuer à cette prise de conscience : en participant aux travaux de la Task force on nature‑related financial disclosures (TNFD), qui élabore un cadre commun pour l’évaluation et le suivi des risques financiers liés au déclin de la biodiversité, mais aussi en renforçant son engagement en faveur de la biodiversité au moyen d’investissements thématiques dédiés à la préservation de nos écosystèmes.

Enfin, notre démarche d’investisseur responsable entend également développer son volet social et sociétal. En élargissant son programme d’achats obligataires aux obligations sociales et durables en 2021, la Banque de France a souhaité renforcer l’axe social de sa stratégie. En 2022, elle poursuivra cet effort en investissant dans des fonds et projets à impact social aux côtés des investissements thématiques visant la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de la biodiversité. Le présent rapport rend compte pour la quatrième année consécutive de la mise en oeuvre de cette stratégie d’investissement responsable. Il détaille les résultats obtenus et les méthodologies utilisées.

Cette transparence est plus que jamais nécessaire, à l’heure où d’importants efforts en matière de données climatiques sont déployés par les entreprises et les investisseurs, en lien avec les exigences renforcées que définissent les législateurs français et européens. Dans une volonté d’amélioration continue, la Banque de France entend renforcer sa démarche de transparence en développant à l’avenir le volet engagement de cette publication, notamment en ce qui concerne la mise en oeuvre de sa politique de vote.

Le rapport d’investissement responsable de la Banque de France est également partagé sur la Plateforme de transparence climatique lancée début 2021 par l’Agence de la transition écologique (Ademe) et le Commissariat général au développement durable (CGDD).

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